J’ai rendez vous avec Mats ce dimanche matin à Chamonix. Il vient de Suède et son objectif est de gravir le Mont Blanc à ski. Nous irons, le début de semaine, dans le massif du Mont Rose pour s’acclimater à l’altitude puis reviendrons à Chamonix pour l’ascension du Mont Blanc.
Je pars d’Arêches ce 1er mai et il a neigé toute la nuit. La route entre les Saisies et Notre Dame de Bellecombe n’est pas déneigée et à trois reprises, je manque de finir ma route sur le bas côté. J’arrive tout de même à rallier Chamonix. Je retrouve Mats et nous prenons la direction du val de Gressoney en Italie. Il neige abondement sur la route et je redoute déjà les conditions nivologiques là haut. Arrivé à Gressoney la Trinité, nous prenons les trois remontées successives qui nous permettent d’accéder à 3200 mètres d’altitude. Il ne nous reste plus que 200 mètres de dénivelés pour rejoindre le refuge Montova perché à 3400 mètres d’altitude.
Le refuge Montova un jour de beau temps
Il neige toute la nuit et le vent n’a pas cessé de souffler. Aujourd’hui, l’objectif est de rallier la Monte Rosa Hutte pour ensuite grimper la Dufour spitze sur le versant Suisse du massif. La visibilité est quasi nulle et le vent est très fort. Après avoir rentré les coordonnées GPS de la route à suivre, nous sortons du refuge sous la tempête. Il y a 60 centimètres de neige fraîche au abort du refuge. Nous commençons à grimper dans la neige profonde. Au bout de 3h00 de temps, nous n’avons fait seulement que 400 mètres de dénivelé. Les quantités de neige fraîche sont énormes à 4000 mètres, il a neigé la hauteur de mon bâton, c’est à dire 1 mètres 20. Je suis déséquilibré à chaque rafale de vent, nous ne voyons pas à plus de 10 mètres. Nous faisons demi tour et rentrons au refuge. Avec cette nouvelle couche de neige, l’ascension de la Dufour spitze me semble impossible. Nous temporisons au refuge, et, par miracle, les rayons de soleil transpercent les nuages. Deuxième départ de la journée. Il est déjà tard. Nous nous contenterons de la Pyramide Vincent.
Le soleil est bel et bien là. Mais le vent aussi. Ma trace de ce matin n’existe plus. Nous arrivons tout de même au sommet de la Pyramide Vincent accompagné d’un vent à décorner une Tarine.
Sous les pentes du sommet de la Pyramide Vincent
Mats au sommet de la Pyramide Vincent à 4215 m
Nous ne traînons pas au sommet car le vent nous glace le sang. Nous engageons la descente sur le refuge.
Le lendemain, le ciel est bleu mais le vent est bien présent encore. Nous décollons du refuge à 7h30 en direction du col du Lys. Plus nous montons, moins le vent est fort. Au bout de 2h30, nous arrivons au col. Nous pouvons enfin contempler tous ces sommets à 4000 mètres d’altitude formant le groupe Mont Rose.
La face Nord du Liskamm et le Cervin au fond
Nous continuons notre chemin en direction du col Gnifetti. Après être passé au pied de LudwigHôhe et de Parrot spitze, nous arrivons au col à 4452 mètres d’altitude. Et celle ci se fait ressentir. Une dernière arête neigeuse nous sépare du sommet de la Zumstein sptize.
Nous chaussons les crampons, et sortons les piolets. Au bout d’une trentaine de minutes, et toujours dans un vent soutenu, nous joignons enfin le sommet de la Zumstein spitze.
Mats au sommet de la Zumstein spitze à 4563 m
Le Liskamm avec à son pied le long Grenxgletscher
Nous redescendons par la même arête. Il reste un peu d’énergie à Mats. Je lui propose un deuxième sommet non loin d’ici: La punta Gnifetti. Il nous suffit de traverser la partie plate du col pour trouver le pied de la difficulté. Une nouvelle fois, nous chaussons les crampons pour atteindre le sommet de la punta Gnifetti.
Au sommet de la punta Gnifetti à 4554 m
Au sommet de la punta Gnifetti se trouve le refuge Margherita, plus haut refuge d’Europe.
Nous retournons sur nos pas pour rejoindre une nouvelle fois le col du Lys.
Retour au col du Lys. A gauche, la Zumstein et à droite, la Gnifetti
Nous profitons d’une descente de 1000 mètres jusqu’au refuge. La neige a déjà bien compacté avec le vent. Où hier, il y avait 1 mètre de profonde, aujourd’hui, la neige est dure en surface.
Le soleil se couche sur le Mont Blanc depuis le refuge Montova
Le dernier jour sera consacré à un dernier sommet de plus de 4000 mètres, Ludwighôhe. Nous espérons un vent moins fort pour cette dernière journée. Le ciel est complètement dégagée mais le vent est toujours présent. Il fait particulièrement froid aujourd’hui, et souvent je dois m’arrêter pour me réchauffer les doigts. Mats doit quant à lui mettre 3 paires de gants l’une sur l’autre.
Mats sous la Ludwighôhe. Derrière, le bivouac Giordano
La trace de la veille a déjà disparue avec le vent. Mais la neige est compacte. Nous croisons 3 alpinistes Polonais à pied redescendant de la Pyramide Vincent. Ils ont passé la nuit au bivouac Giordano. Leur distance d’encordement n’est pas bonne, les 2 derniers sont l’un derrière l’autre. Difficile de leur expliquer car il ne parle pas Anglais. Je repense à cette crevasse béante sur le bas du glacier qui de fil en aiguille s’est recouverte de neige avec le vent des derniers jours. Plus tard, nous entendrons l’hélicoptère du secours Alpin Valdotin. En redescendant, je revois cette crevasse de nouveau ouverte avec un trou d’amarrage en aval. Nous apprendrons au refuge que 2 des 3 alpinistes ont chuté dans la crevasse nécessitant l’intervention des secouristes Italiens sans aucune nouvelle autre.
Nous arrivons enfin au sommet négociant, encore une fois, un dernier passage à pied.
Mats au sommet de Ludwighôhe, 4321 m
Nous terminons ces 4 jours au Mont Rose sur une bonne note malgré le changement de programme. Nos organismes semblent maintenant acclimatés. Nous retournons à Chamonix, prenons un jour de repos puis entamons la montée au refuge des Grands Mulets.